On nous avait prévenues… « Vous voulez vraiment le faire vous-même ? Vous êtes sûres que vous ne voulez pas passer par un prestataire?! ». Nous nous sommes dit « ils nous prennent pour des quiches ! Bien sûr que nous pouvons le faire nous-mêmes ! ». Faire quoi ? Eh bien, la procédure d’immatriculation de notre société au greffe du Tribunal de Commerce de Paris pardi ! Passage obligé pour obtenir le Kbis d’AdC. Sacro sainte porte d’entrée pour baptiser notre bébé !
Le jour dit, nous nous présentons donc à deux, un bon quart d’heure avant l’ouverture du greffe, 1 quai de la Corse dans le Vème. Première surprise : on se croirait à l’aéroport. Passage obligé par un sas de sécurité, vérification des bagages, armement des toboggans, attention au départ. Bon, j’exagère, mais l’idée est là. Deuxième surprise : c’est beau un tribunal de commerce (ou tout du moins, celui-là…) ! Statuts de lion façon « Poudlard », on se croirait dans une école de petits sorciers. C’est beau, intimidant, mais – troisième surprise – les plafonds sont hauts, et il fait froid ! Doudounes sur le dos, nous prenons un ticket (N° 201) et allons nous asseoir à côté d’une bonne dizaine d’autres personnes, ayant eu la bonne idée, comme nous, d’arriver en avance. Il est 8h50. Les lumières sont éteintes. Les portes encore closes. L’écran accroché en hauteur obstinément noir. 9h. La lumière s’allume (oh, il fait jour !). Les portes s’ouvrent, découvrant une vaste salle remplie de bureaux numérotés. L’écran s’éveille. Des numéros s’affichent un peu partout, accompagnés de la lettre du guichet auquel s’adresser. Nous nous préparons pour une longue attente, les yeux scotchés sur l’écran, histoire de ne pas rater notre passage… Et soudain, c’est à nous ! Le stress monte. Nous nous levons, surprises, « c’est déjà à nous ? ». Et nous pénétrons dans la salle. Guichet H. C’est là-bas ! Coucou c’est nous ! Mme X nous fait signe de nous asseoir. Mais c’est qu’il y a du chauffage dans cette pièce !
La dame du Tribunal, elle, a l’air bien froide. On dirait qu’on l’embête. Bon, on va dire qu’elle commence la journée, elle ne doit pas être bien réveillée. Vite, nous sortons la pochette avec tous les formulaires et justificatifs. Et c’est parti pour une partie de cartes des 7 familles. Dans la famille Formulaires, je voudrais le formulaire E machin truc. Dans la famille pièces justificatives, je voudrais vos attestations de non condamnation. Dans la famille photocopies, je voudrais vos photocopies de carte d’identité. Dans la famille Attestations, je voudrais celle de domicile… A chaque fois, le stress nous étreint. Nous cherchons fébrilement le papier en question, et vivons comme une petite victoire le fait de le trouver et de le tendre à Soeur Sourire, qui, elle, ne semble ressentir aucune émotion particulière. Notamment lorsqu’elle nous indique platement que tout est en ordre… à part l’absence d’attestation de publication dans un journal d’annonces légales. Ballot, non ? Nos sourires se figent. Nous touchions au but et pourtant…. Dommage, il va falloir revenir !!! C’était trop beau pour être vrai… Soeur Sourire nous redonne l’ensemble des pièces de notre dossier. Pas un encouragement. Elle doit voir ça plusieurs fois par jour. Nous, c’est notre première fois au greffe…
La mort dans l’âme nous ressortons dans le froid en quête d’un cyber café. Ne perdons pas espoir ! Tout va bien. On doit pouvoir gérer la situation sur Internet. No stress donc. Notre bonne étoile nous envoie un signe. Un serveur du café juste à côté comprend notre trouble : « Regardez, il y a un accès Internet juste là au tabac », nous lance-t-il. Nous le remercions, et pénétrons dans une charmante petite boutique de souvenirs de Paris, au sol pavé, et aux produits attrayants. Une jeune femme derrière sa caisse nous indique alors l’objet de notre quête : un ordinateur wifi. Merci merci ! Après avoir introduit nos 2€, Internet nous apparaît. Nous partons alors à la recherche d’un site d’annonces légales. Après maintes impasses (dont je vous passerai les détails), nous dénichons le site en question, et commençons à remplir un questionnaire. Pas facile sur un clavier Qwerty… Nous mettons le double de temps que d’habitude. Mais voilà, au bout de 20 minutes, c’est fait, nous validons notre demande. Il ne reste plus qu’à attendre un mail de confirmation.
Attente que nous décidons de passer au café de notre gentil ange gardien. Adorable, notre serveur (qui n’a rien d’un Parisien) nous amène 2 noisettes et 2 croissants « faits maisons », nous dit-il. A des prix… parisiens… Mais chai bon. Cha fait du bien. Après plusieurs minutes d’attente, le mail arrive (merci l’iPhone de Céline) : il nous faut appeler un numéro pour payer l’annonce (aïe aïe aïe, c’est tant que ça !?) et recevoir une attestation. Ni une ni deux, Miss iPhone appelle, se met son interlocutrice dans la poche, et raccroche avec la promesse de recevoir le papier tant convoité avant la fin de la matinée. Je vous passe les détails de notre longue attente, sans intérêt. Je me permets donc une avance rapide. Blablablablabla. 11h20. Nous recevons l’e-mail. Nous sommes trois maintenant (eh oui, après tout ce temps, Ava a pu nous rejoindre, malgré une alerte au feu dans le métro !). Le document en pièce jointe, nous quittons le café « Merci ! Bonne journée ! », et retournons dans notre charmante boutique de souvenirs. Et là, patatras, impossible de télécharger notre PJ !!! Heureusement, il y a un fax ! Merci ! Merci mille fois ! Les 2 gérantes de la boutique nous souhaitent bonne chance pour le lancement de notre société.
Nous repartons avec le sourire direction le quai de la Corse. Rebelote sas de sécurité. Rebelote tickets. Et puis zut, on ne va pas refaire la queue ! Nous nous armons de courage et de détermination et nous adressons à l’accueil. Et là, oh surprise et bonheur suprême, une gentille hôtesse nous indique le guichet F. Bref, nous n’avons pas à refaire la queue dans le froid ! Nous tendons fièrement notre dossier complet (enfin, nous l’espérons) avec le chèque qui va bien, et repartons du Tribunal un grand sourire aux lèvres. Verdict de notre périple sous 48 heures. L’extrait Kbis devrait nous arriver dans notre boîte aux lettres… Pourvu que notre dossier soit complet ! Croisons les doigts !
Aurélie